dimanche 20 juin 2010

Une vie en ville

J'écris souvent dans un café près de la maison. Je produis dans le bruit. Je me concentre dans l'action. Dans mon village, j'y trouve mon compte. Ce matin, mes pensées se perdirent quelques instants.

Hagarde.

La rue Sainte-Catherine, fermée aux automobilistes de Berri à Papineau fait le bonheur du voisinage. Du moins, le mien.

Je n'avais pas choisi ce quartier, mais j'y vis depuis presque trois ans déjà. En son centre même. Typique et atypique. Éclectique. Aux antipodes. Tout et tous se côtoient. Je suis une fille de la ville, une fille du béton et je vous présente fièrement mon village dans toutes ses splendeurs.

Un bref saut sur le site du Village m'a inspiré ce billet:

Au Village, nous croyons
En elle, en lui, aux enfants, à la jeunesse, en la sagesse. Nous croyons que les différences doivent enrichir plutôt que diviser. Nous croyons en la liberté, la vraie, celle qu'il faut parfois obtenir dans des débats d'idées. Nous croyons qu'elle est l'essence qui renouvelle et fait grandir le genre humain. Nous croyons aux artistes, aux créateurs, aux innovateurs aussi. Nous croyons en un Village qui fleurit au vent des tendances, enraciné avec force dans des valeurs qui traversent le temps !

La vie en ville est animée. La vie de quartier rapproche. Le mien a ceci de bien particulier: Il mystifie, émerveille et scandalise à la fois. Je ne pourrais demander mieux.

Plusieurs événements pour tous s'y dérouleront dans les prochaines semaines. Entres autres, le Festival International de Montréal en Art se tiendra du 1er au 11 juillet prochain. Une véritable "Galerue" d'art où certains artistes se plaisent à expliquer dans leurs mots que les visiteurs peuvent dans un "laboratoire géant" "comprendre la mesure et la diversité".


Du 10 au 15 août 2010 auront lieu les Célébrations de la Fierté. Je ne crois pas y avoir déjà participé. Cette année sera différente, je crois. Les témoignages passés à travers le temps m'inspirent:

"D'abord, geste de résistance, le défilé de la fierté gaie a laissé place à la célébration des acquis, de l'avancée des lois et de l'évolution de la société." -L'équipe de rédaction, Magazine Fugues

"The communuty day and pride parade are one-a-year great opportunity to show the public that families come in all shapes and sizes, including ones with 2 moms or 2 dads." -Mona Grennbaum, présidente, Association québécoise des mères lesbiennes et Coalition des familles LGBT

L'image, le message, le messager. L'ouverture à la différence, reconnaître les forces de son environnement, être à l'écoute sont d'autant de qualités d'un relationniste que de richesses qui façonnent une société. Surtout si on la dit distincte.

Certains croient encore que de fermer la rue ghettoïse un village. Il s'agit pourtant simplement de venir y marcher pour y sentir la liberté qui en émane tout au long de notre parcours.


Duo de choc

Qui a eu cette idée folle, un jour d'inventer... le dîner d'affaires? Un beau prétexte pour ne pas manger son lunch! Une chance, j'aime assez mon boulot pour ne jamais arrêter. Bon, j'entends déjà tous mes amis, collègues et détracteurs de la meilleure productivité après un temps d'arrêt me faire la leçon, mais bon, je suis de ceux qui ne décrochent jamais. Bon ou mauvais? La théorie pour un autre billet...

Je prends rarement une pause et les dîners sont généralement, en fait presque toujours, occupés par le travail. Discussions, planifications, rédactions ou rencontres. L'autre midi, au beau milieu du plat de résistance, au moment précis où la conversation à bâtons rompus permettait une franche rencontre entre le réseau public et le réseau privé, mon interlocuteur s'arrête et me demande: "Mais toi, qu'est-ce que tu fais? C'est quoi ton titre?". Les titres me font toujours le même effet. Celui de ne vouloir rien dire d'autre qu'un stade présumé en société. Je suis directrice des communications. Mais encore. J'eus cette idée saugrenue de laisser ma boss expliquer mes fonctions en ses mots. Souvent, elle me l'exprime si bien. Impressionnant même cet automatisme chez elle à placer les communications à un niveau de gestion. Collaboration, proximité. Le conseil, le mot juste. Une même vision. Indissociable. C'est sans doute la raison pour laquelle un collaborateur nous appelle, elle et moi, le duo de choc. J'aime beaucoup cette image.

Quelques jours plus tard, l'idée de faire notre portrait me trottait en tête. Je lui reposai la question. Intégralement, sans censure ni retouche.

"Les relations publiques sont essentielles voire incontournables pour toute organisation qui veut participer au débat social. C'est l'image de l'organisation qui se crée, se forge et se perpétue à travers ce service de relations publiques. Elles représentent l'essence même de l'organisation, tout doit passer par ce secteur sans quoi l'intégrité et la crédibilité de l'organisation et du porte-parole peuvent se perdre. En fait, tu sais ce que j'en pense et la croyance viscérale que j'en ai."

J'aurais pu ajouter mes croyances, mes idées et mes théories. Ici, le sourire aux lèvres, je me suis conseillée de me taire.

Cadavre exquis

Une équipe idéale se complète. La mienne est plutôt restreinte par sa composition, mais grande par sa créativité. Michèle et moi, on a cette capacité assez exceptionnelle de co-construire aisément nos rédactions. Étrangement, nos objectifs sont les mêmes, mais nos idées se confrontent, nos stratégies divergent, mais les échanges sont libres, ouverts, intelligents et respectueux. Je ne vous en dirai pas plus. J'ai voulu vous offrir un exercice unique. J'ai proposé à Michèle de se prêter au jeu du cadavre exquis avec moi. Un thème, un de nos préférés bien sûr: la gestion de crise. L'idée est simple. Une phrase (ou presque) chacune. J'arborerai le violet, Michèle le bleu.

Une crise ne vient jamais seule. Elle porte en elle un passé, une histoire. Elle naît de

plusieurs éléments: des rumeurs fausses ou fondées, une catastrophe environnementale, un accident de travail, une fraude ou une transaction douteuse, un manque de transparence pour n'en nommer que quelques-uns. Quoiqu'il en soit, la crise se doit d'être prise au sérieux et traitée le plus rapidement possible car

en situation d'urgence, il est déterminant de diagnostiquer, réagir et décider rapidement. Tout relationniste d'expérience aura appris qu'il faut d'abord et avant tout savoir reconnaître le problème, montrer que l'on prend charge, occuper l'espace médiatique et établir des systèmes de contrôle. Plusieurs diktats et solutions ont été éprouvés, mais le premier principe à retenir est

d'user de transparence. Les intervenants se doivent dans un premier temps de prendre en charge les victimes et de les tenir informées de tout avancement. En effet, le manque d'information en période de crise chez les publics directement concernés engendre à tout coup

un état de panique. En de telles circonstances, rassurer et donner les faits réalistement sont les critères qui prédéterminent les chances de réussite de la bonne conduite d'une crise. Personnellement, je conçois la gestion de crise dans une approche holistique où se chevauchent la prévention, la protection, la gestion et l'évaluation. Retour sur la situation. S'améliorer.

C'est alors, qu'à la relecture de nos échanges, j'en suis venue à cette conclusion qui n'en est pas une puisque je connaissais déjà les suites probables. Une crise peut être prévenue, protégée, gérée et évaluée, mais chacune de ces étapes repose essentiellement sur un des principes fondamentaux du management moderne. Savoir s'entourer, savoir gérer et idéalement être un leader. Si la meilleure gestion de crise se vit en boucle, en continu, elle survit grâce aux intervenants qui composent ses cellules. La force vive du nombre de ceux qui veulent améliorer le bien-être collectif. Toujours revenir à la case départ n'est pas un retour en arrière si on améliore notre prochaine arrivée. Il s'agit d'un simple constat de l'évolution humaine. Et c'est ainsi qu'on se complète.


mardi 15 juin 2010

Je craque pour l'ouest

J'avoue. Je passe aux aveux. J'ai un faible pour l'ouest canadien. J'en reviens tout juste et j'y retournerais sans peine. Un collègue m'a dit aujourd'hui que c'était sans doute la petite Harper en moi qui s'exprimait. Ouch! Re-ouch! Me connaissant prompte à l'expression, il a rapidement entendu le cri strident de ma réaction. Aux antipodes de notre actuel PM, je cherche désespérément à comprendre ce qui me fascine et m'attire vers ce coin de pays. La splendeur des Rocheuses, les sommets vertigineux, les chemins sillonnés de tranquillité. Je cherche encore.

L'impression d'être si loin et si près à la fois. Comme si on découvrait une partie de chez soi qu'on ignorait encore. Rien à voir avec la politique. Je dis souvent que je suis folle de Manhattan, mais que New York n'est pas les États-Unis d'Amérique. Être ailleurs. Je cherche encore.

Les sites historiques, les attrapes touristes. Les neiges éternelles, le temps sec, l'ensoleillement tardif. Respirer l'air frais, plus pur. La route entre Banff et Jasper est à parcourir. Au moins une fois. C'est certain.

Les découvertes à partager. L'Olde Irish Pub, St-James Gate à Banff offre l'un des meilleurs Shandy que j'ai eu le bonheur de déguster. Est-ce le plaisir de voyager, de s'évader...?

Non, j'ai trouvé pourquoi je craque pour l'ouest. Au Québec comme partout ailleurs, collègues, amis, conjoint me surnomment la "crackberry". Sur cette voie transcanadienne, dans l'Icefield Parkway, pendant quelques heures, j'étais coupée du monde. Et mon Blackberry ne fonctionnait tout simplement pas.

Je lèguerai au moins un RAC














Conseils d'administration, assemblées générales, réflexions, positions, votes. On s'appuie, on se seconde. Je suis là pour conseiller, là pour dire, un peu pour convaincre. Parfois, je perds une bataille, souvent j'en gagne.

Je suis la plus jeune. Je n'ai jamais exercé leur profession (on me l'a dit et répété dans une de ces batailles que j'ai remportée au bout du compte!), mais je suis leur représentante, responsable, attachée, conseillère principale, directrice, coordonnatrice... Bon, d'accord, après presque quatre ans, ils ne savent toujours pas comment m'appeler, mais ils apprivoisent les "comm". À tâtons. Ils essaient. Parfois avec confiance, souvent avec crainte. Je représente ce monde qui les effraie. Mon merveilleux monde des médias les terrorise. Je comprends. Ils ont été formés à se méfier des méchants loups. Dans leur bouche, mon univers sonne comme un conte d'avertissement de Perrault ou des frères Grimm. Ça fait peur. Je dois déconstruire, déconseiller. Pour vous aider à comprendre, je vous lirai un petit bout de mon histoire. Allez, jouez le jeu avec moi...

Il était une fois une jeune relationniste qui s'aventura dans un monde inconnu. Rempli de petites écoles chacune ayant une jolie couleur différente et une histoire à me raconter. J'entendais les voix des enfants, les chants des cloches. Chacune étant bien isolée dans une contrée parfois lointaine, il me fallait les aider à se rapprocher. À se donner les moyens de communiquer. J'eus cette idée farfelue de leur inventer un nouveau personnage. Un petit rôle de soutien pour les guider sur leur parcours. Je l'appelai "RAC".

Pendant plus de trois ans, avec tout le sérieux du monde, 36 mois à me creuser la tête et les esprits pour les aider à comprendre le nécessaire besoin d'un RAC. Au sein de chacune de nos associations, fédérées sous une voix commune, le responsable aux communications (RAC) sert à Rapprocher, Apprendre, Communiquer. Bon, je viens d'avoir une image de G.O. en tête! C'est horrible! Sans farce, celui que j'ai créé de toute pièce vivra vraisemblablement officiellement. Enfin, je lèguerai au moins un RAC.



Control

Je suis envahie par la notion de contrôle. Je suis éberluée de constater que le contrôle maintient la pôle position en éducation. Je veux bien reconnaître l'importance de la conduite, de la discipline et de l'encadrement, mais le manque de confiance envers l'école et ceux qui y évoluent me bouleverse. La mission donnée à l'école québécoise est d'instruire, de socialiser et de qualifier. Pour les besoins de mon exercice de genre d'aujourd'hui, je vais me concentrer sur la notion de socialisation. Socialiser dans un cadre restreint, circonscrit et balisé ne relève pas de la mission impossible, mais témoigne de l'absurdité avec laquelle on considère les acteurs principaux qui œuvrent dans l'école. Socialise, mais pas trop. Intègre-toi dans la société, mais reste de ce côté-ci de la rue. Alors, quand on pense aborder le web à l'école, croyez-moi, vous êtes mieux de vous lever tôt. Parce que même si la planète évolue à la vitesse grand "V" dans l'univers du World Wide Web, l'École ne semble pas prête à suivre le rythme.

Je crois en l'efficience des nouvelles technologies de l'information et des communications sur les bancs d'école. Je crois que les outils du web sont des outils d'apprentissage pédagogique dont on sous-estime encore au Québec la grande efficacité. Je rêve du jour où collègues, partenaires du réseau scolaires avec lesquels j'évolue au quotidien, partageront avec moi ce point de vue encore un peu abstrait pour certains d'entres eux: Il ne s'agit plus de contrôler l'information, mais d'influencer un courant de communication. Un homme de théâtre que j'admire depuis mon plus jeune âge, Eugene Ionesco disait et je le cite: "Penser contre son temps, c'est de l'héroïsme, mais le dire, c'est de la folie". Ici, il s'agit simplement d'être de son temps.